Les escaliers craquent, on déplace des chaises, des tables, on distribue des feuilles. Les participant-e-s à la journée d'information arrivent, arrivent en nombre, arrivent encore, la maison se remplit, les gens continuent d'arriver. Avec des questions.
– Peut-on s’inscrire à l’Institut littéraire sans maturité gymnasiale?
– Combien d’étudiant-e-s par année?
– Combien de dossiers?
– Est-il possible de faire un bachelor en écriture littéraire en travaillant à côté?
– Le mentorat, c'est quoi?
– Combien coûte un semestre à l’Institut littéraire?
– Possible de bénéficier d’un programme de mentorat sans étudier à l’Institut littéraire?
Beaucoup plus de questions sans doute, mais soixante participant-e-s. Soixante. Nombre peut-être banal pour beaucoup de filières d’études, mais pas pour l’Institut littéraire qui accepte quinze étudiant-e-s par année. C'est un record. À plusieurs égards cette journée d’information est inédite : le séminaire bilingue de première année « Lire et commenter les textes contemporains/Gegenwartstexte lesen und kommentieren » est dédoublé spécialement pour l’occasion : les étudiant-e-s travaillent avec un enseignant tandis que la responsable de filière donne un séminaire destiné à un public externe sur La bascule du souffle de Herta Müller. Journée inédite puisqu’une trentaine de personnes restent l'après-midi pour prendre part aux ateliers d’écriture ouverts. L’atelier francophone est fractionné en deux groupes. Les participant-e-s ont ainsi la possibilité de se faire une idée plus précise sur la façon dont se déroule un atelier d’écriture à l’Institut littéraire : écrire des textes dans un laps de temps défini, avec des contraintes formelles ou thématiques, les lire ensuite à haute voix et entendre les retours critiques des autres participant-e-s. Quelle est la force de ce texte? Quelles sont les pistes d'amélioration? Ils/elles discutent aussi de leurs textes personnels qu’ils ont pris avec eux.
Jusqu’en fin d’après-midi, les questions traversent les étages de la maison.
– Que peut apporter une telle formation, concrètement?
– J’ai un manuscrit dans mon sac, j’aimerais le faire publier, vous pourriez le relire?
– Peut-on écrire un texte sans connaître la fin de l’histoire?
– A-t-on le droit d’écrire quelque chose qu’on n’a pas vécu?
– Comment peut-on affirmer qu'un travail est réussi?
– Comment savoir si c’est le personnage ou l’auteure qui parle?
– Qu’est-ce que qui se passe quand on n’a pas d’inspiration?
– Comment peut-on intervenir sur un texte qui n’est pas le nôtre.
– Ce narrateur est-il trop présent dans le texte?