Ecrire Ensemble

Écrire ensemble

 

Vendredi 10 décembre 2021 : l’Institut littéraire fêtait ses 15 années d’existence lors d’une après-midi et d’une soirée orientées sur la diversité des pratiques littéraires.

Ecrire un scénario ou un hörspiel, écrire pour le théâtre, écrire des romans, une comédie musicale, écrire seul·e ou à plusieurs, sur commande ou à partir d’une impulsion intérieure... les pratiques d’écriture contemporaines sont sans doute aussi multiples et diverses que les profils d’auteur·e·s du champ littéraire de Suisse.

La discussion animée par Anne Pitteloud entre Elisa Shua Dusapin, autrice et diplômée de l’Institut littéraire suisse, et Daniel Vuataz, auteur pratiquant l’écriture collective depuis une quinzaine d’années, a montré à quel point le métier d’auteur ou d’autrice recouvrait des réalités différentes. Entre les champs de pratiques littéraires, les frontières sont poreuses – de l’adaptation théâtrale à l’écriture de scénario ou de livrets de comédie musicale, les codes varient, certes, mais il s’agit toujours d’écrire. La fragilité du métier d’auteur·e a été évoquée, mais aussi la force de l’écriture comme lien entre les personnes. Enfin, alors que les champs de production semblent se décloisonner, les passages entre les domaines littéraires germanophones et francophones, eux restent restreints.

Avec Katja Brunner et Werner Rohner – tous·tes deux auteur·e·s et diplômé·e·s du Bachelor en écriture littéraire – la discussion animée par Simone von Büren a porté sur les différentes formes d'écriture collaborative – entre auteur·e·s, avec des comédien·ne·s, dans des collectifs féministes. Il a aussi été question de la fusion, dans des textes communs, de styles littéraires différents et de la manière dont on réagit, dans des collaborations, aux impulsions données par d’autres. Il a encore été question du moment où un texte abouti est envoyé à d’autres et de la manière dont on peut le défendre. Il a enfin été question du temps investi dans le texte, de la signification du livre, de l’écriture à partir de perspectives qui ne sont pas les siennes (au premier abord) et de la notion d’œuvre et de sa (non)pertinence du point de vue des auteur·e·s.

La diversité des pratiques évoquées dans les deux discussions se traduit dans les textes eux-mêmes : quoi de mieux pour s’en rendre compte que trois lectures-quodlibets, où une trentaine d’auteur·e·s de différentes générations – étudiant·e·s et enseignant·e·s, ancien·ne·s ou actuel·le·s – ont puisé dans leurs textes inédits (textes en cours, textes refusés, inachevés...) pour répondre au texte d’un·e collègue, pour l’interrompre ou pour y superposer sa propre voix ? Allemand, français, italien, anglais, espagnol ; fragments, dialogues, descriptions, poèmes ; répétitions et variations ; rythme plus ou moins rapide, phrases longues ou brèves ; discrétion, exubérance, voix posées... Tout avait sa place sur la scène de la Maison Farel. Le public présent a pu faire l’expérience étonnante d’assister à la création – en direct ! – d’un texte collectif et éphémère pour le simple bonheur de lire ensemble.