Après nous avoir, dans son premier récit, Rengaine, fait partager l’expérience d’une chute verticale, Julien Maret, ici, tente de nous faire remonter le temps. Ce livre invite le lecteur à suivre le déroulement d’une mémoire qui ne se résumerait sûrement pas à des souvenirs d’enfance ni à un portrait de village. Cette mémoire en train de se faire, de prendre forme et de s’inventer à chaque instant est restituée par une écriture qui rassemble et engendre à la fois, qui sans cesse se souvient et se départ. Comme certains grands aînés, Perec et son « Je me souviens », Modiano et sa « nostalgie », Julien Maret nous entraîne dans un monde qui, s’il n’a pas encore totalement disparu, s’éloigne très vite. A la verticalité de Rengaine succède une horizontalité du « local », un village et des lieux donnés, une époque très précise servant de rampe de lancement vers l’universel. Ce livre est un hommage aux caisses à pommes, aux asperges de l’oncle René, à la gouille de Verdan et à bien d’autres choses encore.